Lors du sommet Art+Tech de Christie’s à New York en juillet 2023, une table ronde a mis en lumière l’impact croissant du Web3, des NFTs et de l’IA sur le paysage artistique mondial.
Madeleine Pierpont, Web3 Associate, pour le Museum of Modern Art (MoMA), a souligné que le Web3 permet aux institutions d’atteindre des publics inédits. Elle a rappelé que le MoMA explore l’art numérique depuis les années 1960, mais c’est l’émergence de la blockchain et de l’art digital qui a poussé le musée à créer une équipe Web3 multidisciplinaire.
Outre-Atlantique, Seattle a ouvert les portes du premier musée entièrement dédié aux NFTs. Grâce à des écrans numériques de qualité supérieure, ce musée ambitionne de créer une connexion physique avec des actifs numériques authentiques. Peter Hamilton, cofondateur du musée, a souligné que la technologie des NFTs n’en est qu’à ses débuts, et que nous sommes tous en train d’apprendre. Sur le site Web du musée, on apprend que des expositions éducatives seront régulièrement organisées. Le « Seattle NFT Museum » s’engage aussi à exposer des « pièces convoitées » du marché de l’art digital.
Le British Museum à Londres n’est pas en reste. Le musée envisage de créer son propre espace immersif dans le métavers « The Sandbox », rejoignant ainsi plus de 300 marques dont Axa, Gucci, HSBC, Warner Music, Adidas, Carrefour ou encore des artistes tels que Snoop Dogg. Le British Museum partagera ses collections directement dans le metavers pour toucher de nouveaux publics.
En France, nous pouvons relever plusieurs initiatives émanant d’institution du monde de l’art, notamment le Centre Pompidou et la Monnaie de Paris. Le Centre Pompidou, hébergeant le Musée national d’art moderne, a enrichi sa collection avec 18 œuvres d’art digitales sous forme de NFT, marquant une première pour une institution française de cette ampleur. Ces NFT, œuvres de 13 artistes internationaux, incluent notamment le célèbre CryptoPunk numéro 110, ainsi qu’un NFT issu de la série Bitchcoin de Sarah Meyohas, reconnue comme la première initiative d’art tokenisé sur la blockchain. L’institution a également retenu les artistes John Gerrard, Robness, Aaajiao, Emilie Brout et Maxime Marion, Claude Closky, Fred Forest, Smoke Hands, Agnieszka Kurant, Jonas Lund, Jill Magid, Rafael Rozendaal et John F. Simon Jr.
Seconde initiative importante à mentionner, celle de la Monnaie de Paris. En effet, l’institution a organisé en 2023 une exposition de NFT au sein de son musée. Au moyen d’une collaboration avec LaCollection, le travail de l’artiste Robert Alice est mis à l’honneur. La collection présentée est intitulée BABEL, en référence à la nouvelle « La Bibliothèque de Babel » de Jorge Luis Borges.
En somme, l’adoption des NFTs par les musées illustre une transformation majeure dans le monde de l’art. Ces institutions embrassent désormais les innovations digitales pour rester pertinentes et toucher de nouveaux publics. La tendance, mondiale, ne montre aucun signe de ralentissement et ne se heurte à aucune frontière. En effet, le plus grand exchange crypto au monde, Binance, et le musée de l’Ermitage ont notamment collaboré pour créer des NFT de chefs-d’œuvre de Van Gogh et Monet. La vente fut un succès avec 440 000 dollars de vente. Un porte-parole de l’Ermitage avait déclaré que tous les revenus de ces enchères iront au musée.
Cela rappelle une initiative franco-britannique entre LaCollection et Le British Museum qui a vendu des œuvres de l’artiste Katsushika Hokusai et Joseph Mallord William Turner sous forme de NFT dès 2021. Un an plus tard, LaCollection a réitéré l’expérience avec le musée des Beaux Arts de Boston (Museum of Fine Art MFA) avec la tokenisation d’œuvres de Monet et d’Edgar Degas. Les fonds collectés ont servi à la restauration de deux tableaux de ce dernier et appartenant à la collection du musée : Père écoutant Lorenzo Pagans jouer de la guitare (1869-72) et Edmondo et Thérèse Morbilli (1865).
Autant d’initiatives démontrant les applications multiples des NFT dans le monde de l’art.
Florent David